FRANK CASSENTI, PRÉSIDENT DU JURY 2021

 
@Olivia Rivet

@Olivia Rivet

 

Les Rimbaud du Cinéma sont heureux et fiers de vous annoncer que le réalisateur et jazzman Frank Cassenti a accepté la présidence de sa troisième édition.

Compagnon de route de Chris Marker, de Joris Ivens et de Marceline Loridan, Frank s'attache dès les années 60 à mettre en images la violence institutionnelle.

Son premier court-métrage de fiction, "Flash Parc" est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 1969, après avoir était produit par Jean-Luc Godard, qu'il a croisé au ciné-club de l'UNEF que Frank co-dirige à Lille. "Salut Voleurs", son premier long-métrage met en scène en 1972 un jeune employé de banque musicien, embarqué dans un cambriolage ; "L'Agression", court-métrage de 1973, retraçant les déboires d'un travailleur immigré, subira la censure mais deviendra en même temps emblématique du mouvement associatif anti-raciste.

Jusqu'à "L'Affiche Rouge", hommage incontournable au groupe Manouchian, tourné à La Cartoucherie de Vincennes, prix Jean Vigo 1978 et superbe illustration de l'engagement militant de Frank au sein des Films de la Commune.

De cette riche filmographie, on ne peut pas ne pas citer "Salsa pour Goldman", long-métrage documentaire sorti en salles, hommage de musiciens du monde au Zénith de Paris, qui se substitue au projet d'adaptation des "Souvenirs obscurs d'un juif polonais en France". Frank a renoncé à ce projet en 1979, date de l'assassinat du militant d'extrême-gauche...

C'est que contre-bassiste puis guitariste de jazz depuis ses années d'étudiant à Lille, Frank Cassenti s'est attaché à l'univers des musiciens de jazz et retranscrit l'émotion des vibrations musicales en images: " Lettre à Michel Petrucciani" et "Je suis jazz, c'est ma vie", “Archie Shepp"en 1980.

A la tête d'une société de production - " Oléo Films"- créée en 2005 avec son complice Samuel Thiébaud, Frank Cassenti est aussi le président de l'universellement connu "Festival de Jazz de Porquerolles".

C'est dans son jardin, joliment en friche, de sa chaleureuse maison de La Ciotat que Frank Cassenti nous a amicalement reçus, loin du tumulte médiatique.

 

Pourquoi avoir accepté la présidence des Rimbaud du Cinéma ?

Associer Rimbaud et le cinéma résonne très fort en moi ! J'ai toujours associé la poésie à l'engagement et aspiré à ce que cela transpire dans mes créations. Défendre ces valeurs avec vous, m'honore.

Que votre incroyable filmographie vienne rejoindre le cinéma libre, invisible et indépendant que nous défendons nous touche...

C'est le cinéma du coeur, je suis pour !!! C'est un incroyable espace de liberté, toujours à investir. J'ai travaillé pour la télévision, j'en connais les contraintes et le formatage. J'ai tourné pour TF1 à Cuba en 1978, avec Régis Debray. La direction - dans un acte de censure tout à fait assumé - nous a demandé d'en modifier le montage. Nous avons refusé et publié une tribune dans "Le Monde". Il faut savoir payer le prix de cette liberté...

Qu'est-ce que l'époque si singulière que nous vivons dit de tout cela ?

Elle va sans aucun doute être destructrice pour beaucoup mais aussi propice à saisir des chances. Tout ce qui passe d'espaces de liberté est bon à prendre! J'ai vécu 68, les grèves, la répression, la censure... caméra au poing... Si on ne se regarde pas le nombril et qu'on avance, les yeux grand ouverts sur le monde, quelles seront les traces ?

Je crois que notre "Focus Afriques Plurielles", ouvert aux jeunes cinéastes de la diaspora africaine a retenu votre intérêt...

Tout ce que j'entreprends n'est qu'un moyen d'aller à la recherche de l'autre pour échanger et comprendre le monde, pour le transformer et mieux vivre ensemble. L'image et le son sont intiment liés, dès la présence humaine dans les grottes rupestres ! Le Festival de Porquerolles et sa pérennité sont l'aboutissement joyeux de mon compagnonnage avec la musique et ses mystères. "Gwana Music" et "La Nuit de la Possession", que j'ai tournés en 2010 et 2012 à Essaouira en sont des exemples...

Quelle est votre actualité ?

"Changer le Monde", voyage musical documentaire à deux voix avec Archie Shepp n'a bénéficié que d'une seule projection en 2020 pour cause de pandémie. Je suis en train de terminer pour la télé et le cinéma un 50 mn, "Le Journal d'une Jeune Femme Sourde", le trajet d'une jeune ciotadenne, qui a obtenu le Prix de la Fondation de France...

Bienvenue, M.Cassenti !

 

Propos recueillis par Carole Thon