FALMARÈS

@ Thierry Pasquet

@ Thierry Pasquet

 

Petit prince en poésie

Sa chaleureuse présence a été au coeur de la dernière édition du festival littéraire de Saint- Malo, "Les Étonnants Voyageurs", créé en 1990 par l'ami Michel Le Bris, récemment disparu.

Du haut de ses dix-neuf ans, Mohamed Bangoura, connu aujourd'hui sous le nom de Falmarès revient de très loin. De Guinée, très exactement, qu'il est contraint de quitter à quatorze ans, à la mort de sa maman. Son parcours est hélas celui de nombreux mineurs, livrés au pire sur les routes vers l'Europe. Le Mali, des chantiers dans le bâtiment en Algérie, la Libye puis une dangereuse traversée de la Méditerranée vers un camp de rétention en Italie constituent son adolescence. Arrivé à Paris, il est orienté vers Nantes , " je me suis souvenu que quelqu'un de mon village y avait joué au foot!"

Une rencontre va être déterminante en 2018, celle de Joëlle et Armel Mandart des "Editions des Mandarines", chez qui il publiera successivement " Soulagements, Amour et Douleurs", " Tropiques Printaniers" et " Lettres Griotiques" ( à paraître en août). C'est que Falmarès écrit, de la poésie.

  • Comment ce terrible cheminement de jeune réfugié vous amène dans une maison d'édition?

J'ai toujours écrit. Mon grand- père était griot, chef de village, conseiller, historien, musicien, poète... Les mots me viennent encore quelquefois en soussou, la langue de mon ethnie. C'est à l'école que j'ai appris le français.

  • Quelle place a l'écriture quand il s'agit de survivre?

Dans le camp, en Italie, quand je ne dormais pas, je lisais tout ce qui me tombait sous la main, la Bible, les philosophes... en italien. Et j'écrivais des textes courts en français que je me lisais à voix haute pour m'endormir. J'ai gardé cette habitude...

  • Comment se passe la rencontre avec les Mandart?

Arrivé en France, je ne voulais pas perdre mon temps. J'allais tous les jours à la bibliothèque et j'ai regardé énormément de films. Une prof de français exceptionnelle m'a fait apprécier Rimbaud et " Le Dormeur du Val", dans une classe intermédiaire où on accueille les jeunes étrangers. Puis en 2018, j'ai passé du temps à Vannes où les Mandart m'ont entendu à la Fête de la Musique. Un ami chantait et je lisais des poèmes sur le thème de l'écologie en bord de mer.

Avec une humilité désarmante, Falmarès dit être beaucoup invité dans les festivals, les médiathèques pour des conférences et des lectures; et se frotter avec succès à des écrivains, des universitaires. Depuis Saint-Malo, son agenda de week-end s'est rempli jusqu'en 2022. Tout en gérant sa situation administrative, entre les mains de la Préfecture de Loire Atlantique et en attendant les résultats d'un bac professionnel logistique, dans l'attente d'un BTS en alternance. " Parce que je veux être dans la vraie vie du monde du travail".

Un morceau de vraie vie à partager aussi avec les Rimbaud du Cinéma en octobre prochain...


CT